Alvin KHERRAZ

Ancien étudiant du master Design Graphique et d’Interaction promo 2017

Propos recueillis par Guillaume Guislain

Tu peux nous parler de ton parcours académique ?

J’ai fait un bac S juste parce que c’était la filière un peu à suivre pour avoir plein de débouchées, etc. Et pour aussi faire plaisir à tout le monde… Et les ma­tières qui me plaisaient le plus dans ce cursus-là c’était les arts-plastiques ce qui a fait que j’ai voulu aller là-dedans.

J’avais tenté de rentrer aux Beaux- Arts mais je connaissais pas du tout ce milieu-là *rires*. J’ai pas été accepté et je comprends pourquoi maintenant. C’était le tout début où je découvrais ce monde là de l’art, et en fait on m’avait mentionné à ce moment-là de faire une mise à niveau en arts appliqués (MANAA); que j’ai faite à Quimper. La MANAA c’est vraiment une année où on va t’apprendre ou au moins te donner une visibilité sur toute les dis­cipline du design de manière générale. Donc tu vas faire des projets en design de produit, en design de mode, en de­sign graphique, etc. Et à partir de là, la partie que j’ai le plus aimé c’était le de­sign graphique, donc j’ai poursuivi avec un BTS design graphique à Rennes au Lycée Bréquigny avec une option qui était Communication et Médias Nu­mériques. Et pareil, là c’est un peu plus technique donc on apprend des notions de design graphique mais as­sociés à des outils particuliers (la suite adobe par exemple). On apprend aus­si d’autres domaines genre le motion, l’intégration web, la photographie, etc. J’ai enchaîné avec une licence pro création multimédia à La Rochelle où là c’était plus technique et plus créa­tion de tout ce qui était conception (UI donc conception de maquettes, et intégration). Ensuite je suis arrivé à Valenciennes en Master Design Gra­phique et Design d’Interaction; parce que, vraiment, le truc qui m’intéressait le plus dans le design graphique, dans le design web, dans la conception UI etc. c’était le volet UX design. Au tra­vers de cette formation là je voulais en apprendre plus sur cette discipline là.

Et ton parcours professionnel ?

 Il y a eu une sorte de gradation aussi un peu . Le tout premier stage que j’ai fait c’était pendant mon BTS je crois. C’était en tant que graphiste dans une petite boîte. C’était vraiment que du print. J’avais essayé de faire un peu de motion aussi, c’était cool. T’apprends, t’essaies de faire tes preuves mais ça passe hyper vite. Ensuite il y a eu le stage dans une boîte de domotique où là c’était plus web; j’étais plus là en tant qu’intégrateur. J’allais rentrer du texte, des images; je faisais un petit peu de photo et vite fait du print aussi. Et en­suite les deux autres stages; les plus intéressant; c’était pendant le mas­ter. Le premier stage je suis allé dans le groupe de M6 web. En gros M6 ont un volet web, ils ont des sites qui leur appartiennent. Et du coup, j’étais plus là comme assistant de designer UI/ UX . Je l’aidais à fournir des maquettes desktop, mobiles, etc. Je découvrais un nouvel écosystème, où t’avais plein de gens qui avaient le même objectif qui est de pousser un site vers le haut. Ça fait que tout le monde se coordonnait; t’avais des chefs de projet, des rédac­teurs, etc. Tout le monde se complé­tait. C’était pas «Chacun fait son truc dans son coin». Y’avait vraiment la no­tion de trafique : «Ok; ça, ça a généré tant de visite» Et là tu fais «WAOUH! OK! C’est gros là!». Ils ont les moyens, ils vont loin et ça c’était vraiment un gros volet. Et ensuite le dernier stage (stage de 2ème année master), c’était chez Wink Stratégies à Montréal; une plus petite structure. C’était une petite équipe (quand même 20 personnes), et j’ai replongé dans des projets plus marketing plutôt que du web.

Et puis là j’ai changé de boulot en fait. Là maintenant je suis reparti dans une grosse structure, un peu comme M6. Sport Expert; c’est un détaillant, un peu comme Intersport, ou en France ça serait comme le «Monsieur Bricolage» du Sport. Il y a plein d’équipes, et on a tous un but commun : pousser le site web vers le haut.

Pourquoi être allé chez FGL Sports ?

Je voulais clairement démissionner de mon travail. C’était une petite agence qui fait que souvent c’est «petit bud­get»… C’est des trucs bêtes, mais niveau salarial ça évoluait pas trop. Au bout de la quatrième année j’étais déjà devenu la personne la plus vieille de l’équipe, j’avais déjà vu passer une vingtaine de personne; donc j’avais plus d’affinité avec les gens, et puis après y’a le Co­vid… Et puis dans notre milieu les gens tournent très rapidement; il restent souvent dans leur boîte un an, un an et demi; et donc 4 ans c’est énorme par rapport à ça. Donc tu te dis «Bon, ça bouge beaucoup donc à un moment donné c’est à moi de bouger aussi».

Quand je suis arrivé, en terme de pour­centage c’était 70% marketing, et à côté y’avait un petit 30% mais pas trop la notion d’UX design. Y’avait aussi un côté «manque de connaissance dans le milieu de l’UX design». Mais au bout des 4 ans j’ai réussi à leur faire com­prendre que moi je veux plus faire du volet marketing, je veux plus faire du web, donc la tendance s’est inversée. Après je faisais 80% web, 20% marke­ting, mais les projets faisaient que je faisais essentiellement des maquettes en croisant les doigts pour que ça plaise au client, limite au patron et aux cousins du patron. Et t’as pas de retour sur tes maquettes; tu pourras jamais te dire quelles ont été les choses impac­tantes sur le site, si il y a des choses qui n’ont pas été comprises par les utilisa­teurs, s’il y a eu un bon taux de clic, etc.

C’est parce que les clients n’ont pas le budget pour ça…

Donc j’en avais un petit peu marre de ce côté là, je voulais aussi évoluer et je me suis mis à chercher comme ça, mais plus avec le volet UX design derrière.

J’ai été démarché par plusieurs boîtes et puis y’a cette boîte-là qui est arri­vée, je le sentais bien. Il y avait ce côté vraiment «e-commerce» que je vou­lais découvrir aussi. Parce que c’est un autre univers… La façon dont les gens naviguent sur le site.

Mais c’est ça qui est top. Là vraiment t’as la notion d’itération, d’optimisa­tion. T’as une idée, tu la mets en place dans ton coin, tu regardes si ça fonc­tionne… «Ok, ça marche pas; la pro­chaine fois on l’optimisera encore.». Tu refais des tests, etc. C’est vraiment ça que je cherchais aussi : cette notion d’UI/UX design.

Pourquoi être allé au Canada ?

De par mes formations, j’ai pas mal bouger. J’aimais bien barouder un peu. Et ensuite, la dernière occasion de bouger c’est via les stages; ce qui fait que le dernier stage, j’me suis dit «C’est le moment de bouger!». Je voulais partir en Europe au début *rire* mais bon… Mon niveau d’anglais…VOILÀ… J’ai tenté des entretiens avec des gars à Barcelone, en Suède, mais rien que pour l’entretien; pour parler, c’était une grosse cata’. Je me suis dit «Au pire, pour parler c’est pas grave; ça sera une grosse galère, mais c’est comme ça que j’apprendrai.». Parce qu’en cours j’arri­vais pas à apprendre. Donc la solution c’était d’aller au Québec parce que là-bas ils parlent français.

Tu peux quand même avoir tes chances si tu parles pas forcément anglais sui­vant le job, mais si tu parles anglais ça t’ouvres beaucoup plus de portes, là tu peux aller où tu veux, même pour évo­luer c’est beaucoup plus facile.

Qu’est ce qui te plaît le plus dans ton job d’UX/UI Designer ? Qu’est-ce qui te plaît le moins ?

Déjà, de manière générale ce que j’aime beaucoup c’est vraiment l’aspect «Comment on peut produire des chose ou améliorer des choses existantes qui ont un impact sur les gens de manière générale». J’aime beaucoup l’aspect visuel aussi. Comment faire en sorte que les gens comprennent bien? Com­ment visuellement et techniquement on peut améliorer le quotidien des gens? Et il y a le côté technique où il y a des règles, des standards. Et ça évolue parce que les gens, maintenant, sont plus sur mobile; ils ont telle habitude naviguer donc il faut qu’on s’adapte avec ça. Et au niveau de l’UX c’est vrai­ment l’opportunité de pouvoir quanti­fier ça, d’aller analyser ça; il y a un côté un peu personnel de savoir comment les gens manipulent, comment ils na­viguent, comment ils vivent avec leurs outils, etc. Donc je trouve ça vraiment cool.

Puis, de manière générale, je trouve que ce domaine là est ouvert; tu peux être soit sur du site web comme sur de l’application. Encore, comme je l’ai dit au début, moi j’aimais vraiment tout ce qui était scénographie et je pense que ça peut aussi se jouer dans des musée, avec des dispositifs interactif. Il y a un côté très technique comme ça et très complexe que j’aime mais de l’autre côté ça demande pas mal de connais­sances, beaucoup de temps d’analyse, etc.

Y’a le côté exécutant, mais y’a aussi le volet «comprendre le pourquoi et, grâce à l’UX design, y’a vraiment ce côté «Ce que j’ai fait. Est-ce que c’est pertinent? Et sinon pourquoi? Parce que c’est pas compréhensible. Pour­quoi c’est pas compréhensible ? Parce que les personne ne régissent pas comme anticipé. Comment je peux faire pour l’améliorer?». C’est surtout ça que j’aime bien, Y’a ce côté feedback qu’on peut avoir.

L’inconvénient c’est que je trouve que c’est assez flou, ce domaine-là, pour beaucoup de gens et beaucoup d’en­treprises. Souvent elles mélangent un peut tout. L’agence dans laquelle j’étais avant; c’est ça en fait. Un coup j’étais graphiste, un coup j’étais designer web, un coup j’étais designer UI, puis parfois j’étais juste «le créatif». J’ai l’im­pression que ceux qui ont cette notion là c’est les grosses structures qui ont un besoin d’analyse, qui ont un besoin de quantifier, de voir comment elles performent.

Moi j’avais essayer de mettre en place, dans mon ancienne agence, des tests utilisateurs, des questionnaires, etc. Et ils me disaient qu’il n’y avaient ni le temps ni le budget.

Je me rappelle, quand je suis sorti du master, on t’apprend à faire du tri par carte, des tests utilisateurs, à filmer un gars qui teste ton application, ton pro­totype interactif. Tu te dis «WAOUH j’aimerai trop mettre ça en place» bah en 4 ans j’ai jamais fait, et le seul truc que j’ai réussi à mettre en place cette année c’était un tri par carte que j’ai fait avec des collègues. Ils ont trouvé ça super intéressant, mais la réalité fait que c’est dur de mettre en place ce genre de truc.

Que retiens-tu du Master ? Quelles étaient tes attentes ? Ont-elles été comblées ?

Je t’avoue, comme je l’ai dit, de bases les attentes se portaient plus sur scénographie, mais du coup j’avais quelques attentes parce que j’ai décou­vert un peu la branche vers laquelle je me dirigeais et ça m’intéressait. Donc mes attentes c’était vraiment d’en ap­prendre plus sur l’UX design; vraiment ce que c’est. Et j’ai trouvé que les at­tentes ont été pas mal comblées parce qu’on a beaucoup appris le domaine de manière générale; le côté théorique, et on a eu du côté pratique surtout avec Monsieur Gantier sur des méthode de travail pour l’UX design, que ce soit dans la planification de projet, les tests utilisateurs, etc

Donc ce que j’ai beaucoup aimé c’est vraiment d’avoir cette notion là

Après ce que j’ai aimé dans ce master c’est qu’il y avait un gros volet interac­tif; on pouvait sortir des sentier battus et il y avait cette notion du design , pour au moins savoir ce que c’est, avoir quelques notions, quelques manière de travailler avec des outils. Je com­prend mieux sa manière qu’il avait de travailler (à propos de Monsieur Gan­tier) qui était très rigoureuse : suivre des process, le côté itératif, communi­quer avec les gens, avoir un Gantt, etc.

Maintenant que je suis dans le milieu professionnel, je comprends mieux ce côté-là dans le milieu de l’UX design, ce côté rigoureux, de mettre en place des ateliers, des outils, des méthodes agiles, comprendre qu’il faut avoir à chaque fois du feedback. Ce qu’il nous a donné nous a beaucoup apporté.

L’inconvénient c’était plus par rapport à la maîtrise des logiciels. Les logiciels qu’on avait appris en cours n’étaient pas forcément ceux qu’on a été ame­ner à utiliser dans le milieu profession­nel , mais après je me dis que ça dépend peut-être du moment…

Il aurait peut être fallu apprendre plus de logiciel pour le design UI.

J’en retiens quand même beaucoup de bonnes choses parce que c’était quand même un domaine nouveau avec beau­coup de choses à apprendre et… Le plus dur c’est de savoir comment est-ce que tu vas mettre en pratique tout ce que t’as appris pour ne pas le perdre.